Le Gouvernement a choisi de mettre la santé mentale au cœur des priorités nationales en 2025. Trop souvent banalisée, la surcharge mentale s’installe insidieusement dans nos quotidiens, grignotant peu à peu notre attention, notre bien-être et notre efficacité. Heureusement, des experts en psychologie, en neurosciences et en organisation du travail proposent des solutions concrètes pour reprendre le contrôle. Voici trois stratégies clés pour alléger votre charge mentale et préserver votre santé au travail.
Margaux Gelin, docteure en psychologie cognitive et autrice de Charge mentale (Vuibert), insiste sur l’importance de reconnaître les signaux d’alerte. La surcharge mentale, explique-t-elle, n’est pas une faiblesse, mais un signal d’alarme.
« La charge mentale devient problématique lorsqu’elle déborde, affectant notre mémoire, notre attention, nos émotions et notre corps. »
Les premiers signes ? Une irritabilité accrue, des troubles du sommeil, des douleurs physiques inexpliquées, ou encore des oublis répétés. Pour y faire face, il est essentiel d’identifier ce qui alourdit votre esprit : des attentes irréalistes, un perfectionnisme envahissant ou encore des sollicitations excessives de vos collègues.
Apprendre à dire non devient alors un acte de santé mentale. Cela ne signifie pas refuser systématiquement, mais poser des limites claires. Par exemple, répondre : « Je peux t’aider, mais demain » ou « Je ne peux pas t’aider maintenant, mais voici une ressource utile » permet de préserver son équilibre tout en restant collaboratif. Discuter de sa charge de travail avec son manager, demander des retours objectifs sur ses priorités et déléguer sont également des leviers essentiels.
Erwan Deveze, expert en neuroleadership, appelle à une véritable « sobriété neuronale ». Selon lui, notre cerveau est saturé par un flot continu d’informations, de notifications et de sollicitations numériques. Cette hyperstimulation entraîne un stress chronique, avec une surproduction de cortisol et une baisse des neurotransmetteurs du bien-être comme la dopamine ou la sérotonine.
« Votre cerveau a besoin d’être délesté. Faites le ménage dans vos mails, vos notifications, vos sources d’information. »
Cette sobriété passe par des gestes simples mais puissants :
Erwan Deveze recommande aussi d’instaurer des rituels réparateurs : marcher une heure par jour, lire le soir plutôt que regarder un écran, réduire le nombre de réunions pour les rendre plus efficaces.
Enfin, il insiste sur l’importance de lâcher prise et de faire confiance aux autres. Accepter l’imprévisibilité, c’est aussi faire preuve de résilience mentale.
Pour Magaly Simeon, fondatrice de Lily facilite la vie et autrice du podcast Stop à la charge mentale, l’intensification du rythme de travail, accentuée par le télétravail, est un facteur majeur de surcharge. Elle déplore que les entreprises n’aient pas adapté leurs processus à ces nouvelles réalités.
« Le télétravail, mal encadré, pousse les salariés à vouloir prouver leur engagement, souvent au détriment de leur équilibre. »
Magaly Simeon prône une transformation en profondeur de l’organisation du travail, en mettant l’accent sur l’efficience plutôt que sur la quantité d’heures travaillées. Elle suggère notamment d’évaluer la charge perçue lors des entretiens annuels grâce à une échelle de 0 à 10, et d’intégrer la notion de charge mentale dans les discussions managériales.
Repenser les priorités personnelles est tout aussi crucial. Nous ne pouvons pas tout faire. La matrice d’Eisenhower peut être un outil précieux pour trier les tâches selon leur urgence et leur importance, et ainsi alléger la charge mentale. Renoncer à certaines injonctions, accepter de ne pas être parfait sur tous les fronts, c’est aussi se libérer.
La surcharge mentale n’est pas une fatalité. À travers ces trois stratégies – mieux se connaître, préserver son cerveau et revoir ses priorités – chacun peut retrouver un équilibre durable. Cela demande une prise de conscience individuelle, mais aussi un engagement collectif. Car préserver la santé mentale au travail est l’affaire de tous : salariés, managers et entreprises. Mettons fin au mythe du salarié multitâche et invincible. Loin d’être un aveu de faiblesse, prendre soin de sa charge mentale est un acte de lucidité et de force.
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